Pourquoi je quitte Facebook ?

Je ne suis pas mon moi Facebook !

Avant d’expliquer les raisons de ma démission de ma propre vie – personnelle – virtuelle, je dois vous expliquer pourquoi j’y suis allé et quelles étaient mes attentes. Je tiens à préciser avant toute chose que je ne vise personne et que ces observations sont le fruit d’une véritable réflexion sur le long terme. Je sais que ce post pourrait apparaitre comme  politiquement non-correct et j’en suis sincèrement désolé, quoique 😉 Il est dans tous les cas sincère et honnête, mais surtout il a pour objectif de dépeindre, voire démystifier les comportements que nous avons de manière plus générale face aux réseaux sociaux. Une fois de plus il s’agit de ma propre perception des réseaux sociaux et suis bien sur disposé à en débattre … à vos commentaires donc 😉

Tout d’abord, j’ai 43 ans et je me suis inscrit en 2011 à Facebook. Mince déjà 6 ans ! Travaillant dans les nouvelles technologies depuis plus de 15 ans j’ai tout de suite adhéré aux réseaux sociaux professionnels. L’intérêt paraissait évident … mais je n’avais jamais sauté le pas d’exposer ma vie personnelle sur internet jusqu’alors. Au début j’y suis donc allé plus par curiosité. Une nouvelle expérience m’attendait. Et, comme je vous l’ai dit j’aime les nouvelles technologies et qui plus est suis très curieux de nature. Bref, il n’était pas question que je ne « vive » pas Facebook !

Reconnaissons le dés maintenant, mes attentes étaient initialement limitées au minimum. Je n’avais pas de besoin de retrouver quelqu’un et j’avais des amis « réels ». Bref à priori je n’avais aucun besoin de rejoindre un réseaux social personnel, et finalement c’est ce qui rend l’expérience d’autant plus intéressante.

Une fois de plus, il n’était pas question que je n’essaye pas cette tendance !

Je m’y suis donc inscrit presque innocemment et je dois dire que très progressivement je me suis pris au jeu des réseaux sociaux.

Jusqu’à aujourd’hui …

J’avais juste envie maintenant de partager mon constat après ces 6 années d’utilisation.

Avant tout, commençons par le positif

1) Accès à tout type d’informations.

C’est la chose la plus intéressante à mon goût même si je regrette vraiment les flux RSS qui disparaissent progressivement des sites. En gros la timeline facebook permet de s’abonner à tout type d’informations (plus ou moins sérieuses) et ça c’est vraiment sympa.

2) Possibilité de retrouver des personnes perdues de vue.

C’est sans doute le principal intérêt (initial) de ce réseau et sans doute ce qui en fait sa plus grande force. Tellement de monde y sont connecté que l’on peut retrouver des personnes perdues de vue depuis longtemps … ou presque, car dans l’univers Facebook il y a un paquet de personnes qui aiment les pseudo afin que seuls les proches les retrouvent. Le point positif devient alors plutôt négatif, mais j’y reviendrais.

3) La facilité d’interpellation d’une personne dans son cercle proche.

Vous avez créé votre cercle d’ami (ou pseudo amis) et hop vous pouvez les interpeller rapidement, vous pouvez même savoir si ils sont connectés (via Messenger). Hum ! Arriverez-vous à vous cacher ? Et à garder une certaine intimité ?

De manière générale c’est un outil de communication … efficace… trop sans doute !

Damned ! Mes points positifs deviennent négatif … je ne dois décidément pas être objectif. Bon ben tant pis voici quand même ce que j’ai vraiment moins aimé et qui me pousse à en sortir aujourd’hui.

4) faire de nouvelles connaissances ?

Honnêtement je n’ai pas « essayé » cet aspect du réseau social. Mais beaucoup semblent aimer le fait d’élargir leur cercle de connaissances, du moins virtuellement. C’est pas mon truc, je ne m’attarderai donc pas sur ce sujet.

Et voici les points négatifs

1) Aller je jette un pavé dans la mare, Facebook c’est clairement : le culte de l’égo.

Vous postez des choses qui n’ont d’intérêt que pour vous et attendez (inconsciemment ou pas) des « like » en retour.

Plus pervers, des réflexes commencent à se développer : vous « likez » pour être « liké » à votre tour. Bref, l’idée de Facebook et de montrer que vous avez une vie géniale à votre entourage virtuel. Je me suis laissé prendre au jeu, c’est si simple … ça devient même un  sport inconscient.

Alors on participe à ce phénomène.

Soyons honnête, j’ai vraiment joué le jeu du :

Regardez tous je passe un moment genial avec pleins d’amis ! Regardez ma nouvelle voiture, ma nouvelle maison, voyez je voyage a l’autre bout du monde, je bois un super vin, etc.

Bref j ’ai aussi donné l’illusion que chaque fait et geste était un moment génial (et parfois ça l’était bien sur). Et sans doute le plus important ces moments doivent être partagés … preuves (photos, vidéos) à l’appui. Alors, si vous êtes en phase de conquête (amis, like, etc.) vous tacherez même de poster des photos vraiment cool et originales. Ben oui ! il faut le dire : notre vie est bien mieux que les autres non (ou au moins il faut sortir du lot) ?  😉

Puis je me suis demandé pourquoi je faisais cela ? qu’est-ce que j’en attendais ? ma propre réponse m’a effrayé.

Pour ceux que cela gênerai, je renvoi a cette étude très intéressante qui montre sans équivoque que Facebook apparait avoir une corrélation remarquable avec le degré d’estime de soi et le degré de narcissisme.

2) L’illusion de la libre expression.

C’est sans doute LA raison de mon au revoir à ce réseau virtuel et ce point rejoint le point précédent. En fait dans Facebook vous n’êtes pas vraiment vous même. Soyons clair et direct, ça n’intéresse sans doute personne que vous soyez vous même ! Ce qui est important c’est de montrer une vitrine flatteuse de votre existence. L’idée est très simple : vous voulez montrer au monde que votre vie est top, que vous faites de choses géniales et que vous avez un cercle social incroyable. Le pire dans tout cela est que vous vous mettez la pression.

Dans un tel monde il est évident que vos véritable pensées ne doivent pas sortir du cadre posé et imposé par la société, et donc rester politiquement correctes.

J’en aie fait l’expérience plusieurs fois et il est clair que chaque fois que j’ai été à contre courant (pour des raisons justifiées a mon sens) ça c’est presque retourné contre moi. C’est veritablement un phénomène intéressant et insidieux qui nous incite progressivement à nous auto-censurer. N’oublions pas que nous sommes dans un jeu(voire une compétition) de qui aura la vie la plus belle.

A titre personnel, j’ai dernièrement et involontairement troublé cette illusion de bien être que peut procurer à beaucoup ce réseau. Les réactions n’ont pas tardé et même si j’avais raison sur le fond (mais le fond, on s’en fiche sur Facebook) le simple fait d’avoir troublé l’ordre publique (virtuel) par mes vérité a réellement dérangé.

Avec facebook nous sommes dans la matrice, gare à ceux qui voudrons jouer les néo 😉 même involontairement.

3) Les news sur Facebook.

Ces dernières sont orientées voire détournées. Je ne parlerai pas de « fake news », c’est pas du tout l’objet, mais pour rejoindre le point précédent il faut aller dans votre sens. On ne va pas non plus vous bousculer !!! d’un autre côté c’est vous qui les choisissez librement … humm êtes-vous sur de cela ?

Bref, Pas toujours très intéressant voire pas vraiment haut niveau !

Je rebondis ici sur mon point initialement positif … du moins s’était ma première impression.

Personnellement et avant de définitivement clore mon compte Facebook, j’ai décidé d’utiliser un agrégateur de flux (feedly par exemple). Unidirectionnel certes mais franchement plus pertinent !

4) La fermeture d’esprit

Un point particulièrement pervers lié à notre propre utilisation de ce réseau et dans lequel on tombe systématiquement : « L’enterrement dans ses propres cercles de pensées » et donc l’absence d’ouverture qui se créé. Pour faire simple, on choisit ses centres d’intérêt … on ne choisit logiquement pas ce qui peut nous déranger nous confronter a la moindre opposition. Bref on s’enferme progressivement, du moins on se laisse enfermer (car Facebook nous y aide) dans notre façon de voir les choses. Pire on éjectera ceux qui pensent différemment !

Comment se remettre en question ? réfléchir plus loin que nos schémas si on est face a un miroir ?

Si vous êtes adeptes de ces réseaux sociaux, posez-vous la question suivante : êtes-vous abonné aux fil d’utilisateurs ou site qui sont opposés à vos idées ? c’est peu probable et rien ne remplacera à mon sens une rencontre au coin d’un bar. Cette part de mystère et de découverte que vous avez face à l’autre, parce que vous ne savez pas ce qu’il pense fait que vous êtes dans un état d’ouverture. Ce n’est malheureusement pas le cas sur les réseaux sociaux. Bien au contraire.

5) Ce réseau (ou plutôt ce type de réseau) nous pousse à une certaine forme de voyeurisme

Une fois de plus ce n’est pas purement la faute de facebook. Ce réflexe est humain mais l’outil nous  facilite et rend tout cela naturel si bien que l’on peut espionner sans même sans rendre compte.

Qu’est-ce que fait X ? est-il connecté ? Pourquoi a-t-il dit cela ? Tiens il est à Paris et ne me le dit pas.

La liste est longue, les conséquences parfois dramatiques. Évidemment on pensera au mari qui va espionner sa femme, ou les parents qui vont tenter d’épier leurs enfants, etc.

Cette utilisation a d’ailleurs prise une telle ampleur que des stratégies de contre-attaque ont été conçues. Nos enfants n’hésitent pas à nous donner un faux compte Facebook dans lequel il nous montrerons ce que nous voulons voir … leur véritable compte (celui qu’ils donnent à leur amis) étant lui quasiment anonyme (en général c’est leur nom avec une petite variante qui le rend introuvable via une recherche stricte). Bref, je jeu des apparences se complique afin de troubler les pistes et ainsi se cacher. Mais peut-on se cacher indéfiniment alors qu’on veut se montrer ? Évidemment que non … alors on passe de Facebook à Snapchat ! et le petit jeu recommence …

6) Nous ne sommes en fait jugé sur que sur des apparences

C’est l’un des revers de la médaille. Vous vous exposez, en gros vous attendez des « like » ! Cette exposition volontaire fait que vous êtes jugé sur l’apparence que vous donnez ! soyons clair, croire le contraire c’est se voiler la face. Il faut donc s’y préparer car le soucis c’est que ne serez pas jugé sur vous même mais bien sur votre moi virtuel. C’est là que ça se corse puisque ce n’est pas vraiment vous. Mais ça devrait bien se passer car c’est votre vous rêvé que vous allez exposer, ouf !

D’un autre côté c’est plutôt logique : nous sommes dans un réseau virtuel. On ne peut pas non plus jeter la pierre uniquement à Facebook car c’est un soucis que l’on peut facilement généraliser à internet. Néanmoins la facilité d’utilisation de ce réseau fait que le phénomène est décuplé voire détourné.

Pourquoi détourné ? et bien c’est un soucis qui n’est pas propre aux réseaux sociaux mais plutôt à internet en général. En effet internet facilite la communication, il la facilite peut être même trop. Si bien que vous exprimez par écrit directement votre pensée. Malheureusement les personnes qui vont lire vos textes ne sont pas à coté de vous. ils ne bénéficient pas des intonation, du contexte et des expressions que vous donnez. Il est donc fort probable que ce que vous dites soient interprété différemment selon la personne (voire l’état d’esprit de la personne) qui vous lit.

Attention donc aux incompréhension, malentendus … Ce phénomène est vrai lors de l’écriture de mail mais est encore plus vrai lorsque l’on s’exprime sur son mur. C’est en effet simple et rapide, presque comme une pensée et c’est là tout le danger de ce type d’outil.

Progressivement et insidieusement donc il devient difficile de faire la part des choses. Attentions aux effets papillon !

Paradoxalement ce problème est moindre via l’utilisation de chat (messenger).  Pourquoi ? très simplement parce que dans un chat vous êtes dans un mode de communication synchrone (à la différence du mail ou l’expression via un mur qui est asynchrone). Je m’explique quand on chatte, on est en communication directe avec l’autre (ou les autres), chaque intervention aspire à une réponse. Si on n’est mal compris ou si on comprend mal ce que veut dire l’autre il est simple de l’interroger et donc de mieux comprendre son état d’esprit. Ce n’est pas le cas du mur où dés lors que l’on exprime quelque chose celà n’implique pas nécessairement de réactions.

Pour résumer, n’oublions pas  que ce monde virtuel n’existe pas … on a si vite tendance à l’oublier ! Si vous décidez de persévérer sur Facebook vous allez devoir vous préserver. Vous ne devrez donc pas être exactement vous, sans quoi cela ne plaira pas à tout le monde … ça tombe vraiment bien c’est le but non avoué de ce réseau 😉

7) Aïe, Ça va être désagréable (mais il faut le dire) nous ne sommes que des produits pour Facebook.

Évidemment on pense aux diverses et nombreuse publicités ciblées. Mais ça ne s’arrête pas seulement a ces publicité ciblées par rapport aux recherches antérieures que vous auriez faite. Non cela va plus loin via l’utilisation de jeux et autres applications facebook qui n’ont que pour but de récupérer vos informations personnelles et intimes.

Vous êtes un objet car rien n’est gratuit encore moins sur Facebook.

A titre d’information je renvois sur cet article qui vous informe de la valeur de vos données personnelles gracieusement offertes à Facebook 🙂

Je passe bien sur les tests pourris (mais rigolos) et sans aucun fondements qui vous demandent l’air de rien les droits de consultation de votre profil pour savoir si vous êtes plutôt égoïste, amical ou autre.

En résumé, rien n’est innocent sur Facebook.

8) Facebook c’est un outil addictif … donc attention !

Fin 2012, une étude très sérieuse de l’université de Chicago a aussi montré que ce réseau social est plus addictif que le travail, le sexe, l’alcool et la cigarette. L’enquête a été réalisée auprès de sujets de 18 à 85 ans. Les résultats sont effrayant mais révélateurs. Faites donc votre choix 😁

Combien de fois j’ai vu des personnes lors de soirées être rivés sur facebook. Ils ne vivaient plus le moment présent … mais par contre sur le réseau ils passaient un super moment !

9) La course à l’échalote

J’ai déjà mentionné ce point (numéro 1) mais je tenais a l’ajouter à ma liste. Je trouve que c’est processus qui d’un point de vue psycholique est très interressant et dans lequel on tombe tous: le like ! on voit des articles qu nous semble assez sympa ou qui a notre avis mérite attention : Like. Nos amis postent un article : Like ! bref, il faut liker car c’est le concept du réseau.

Bien sur ces like sont important car plus vous avez de like plus votre vie sociale est animée, n’est-ce pas ? de la même manière, plus vous avez d’amis plus vous êtes quelq’un d’important … la perversité nous pousse même a vouloir ajouter tout ceux que l’on croise dans votre cercle. Bonjour la qualité de ces nouvelles amitiés.

Si ces indicateurs n’apportent rien – si ce n’est l’impression que vous avez un cerle de connaissance important – il n’en sont pas moins dangereux. Notament pour les jeunes qui dorénavant se mesurent avec ces éléments.  Dixit une lycéenne :

« Ce monde virtuel dégrade la notion d’amitié avec ses chiffres. Si tu n’as pas plus de 300 amis, tu n’es rien, tu n’es pas “populaire”… combien de fois on nous l’a dit ou fait sentir.  »

10) Pour terminer … franchement on perd son temps.

Bon ok, c’est aussi l’objectif aussi mais je trouve que ce réseau (a forte dose) rend idiot car nous devenons des moutons qui jouons (insidieusement) je jeu hypocrite qui est demandé.

En gros, et pour les fan des frères Wachowski : Nous sommes dans la Matrice, la seule différence c’est que nous en somme parfaitement conscient.

11) Mes données m’appartiennent

Et puis au delà des aspects « philosophiques » j’ai pas envie de donner gratuitement à Facebook mes données. Mes données, ma vie tout simplement m’appartient alors quand vous savez que le business de Facebook est d’exploiter et revendre toutes vos données … ça fait réfléchir !

Conclusion

11 contre 3, il semblerait donc qu’il n’y a pas vraiment de suspense. Au revoir donc Facebook.

J’espère sincèrement que personne ne prendra mal ce post car ce n’était nullement le but de cette réflexion. Au contraire, à partir de ma propre expérience j’ai essayé de bâtir un avis le plus objectif possible à propos de l’utilisation que nous faisons tous de ce réseau social. En effet, si cette reflexion parait directement tournée contre Facebook elle est surtout dirigée contre l’utilisation que nous en faisons.

Je me suis demandé un moment si j’allais désactiver juste mon compte, voire le supprimer et en créer un autre que j’utiliserai juste à titre consultatif … mais je crois que c’est vraiment illusoire – ou vraiment très dur – de croire que l’on peut entrer dans la matrice sans y participer. Malheureusement, et à ce jour je ne vois d’autre solution que le sepuku virtuel et donc la suppression définitive de mon compte Facebook.

Je reprend donc ma liberté réelle, je sors (ou entre;-) du terrier et quitte la matrice … mais comment en sortir correctement ? Aîe ça n’a pas l’air si simple …

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One Reply to “Pourquoi je quitte Facebook ?”

  1. Bravo pour ces excellentes réflexions. Je partage votre point de vue et ai suivi le même démarche en 2017:
    5 ans de Facebook et arrêt pour pouvoir vivre normalement et sortir de ce formatage obligatoire.
    Cordialement

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